Ces arnaqueurs qui volent vos traductions

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Ces arnaqueurs qui volent vos traductions

By Catherine GUILLIAUMET | Published  07/23/2012 | Business Issues | Recommendation:RateSecARateSecARateSecARateSecARateSecI
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Author:
Catherine GUILLIAUMET
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Ces arnaqueurs qui volent vos traductions

Ces arnaqueurs qui volent vos traductions.

 

Cet article est la traduction de l’article original intitulé « Scammers who steal translations » publié en anglais dans la Base de connaissances de Proz par Enrique Cavalitto, le 05/07/2012.
Certains passages ont été adaptés pour une meilleure compréhension dans le contexte européen.

 

Ils vous confient un projet, réceptionnent votre traduction, puis disparaissent dans la nature.

Trois types de fléaux et deux règles fondamentales

L’industrie de la traduction est la cible de trois grandes catégories d'arnaques, connues sous le nom de scams.

 

  • L’arnaque classique et non spécifique : l’escroquerie « bête et méchante », primaire, qui touche tous les secteurs d’activité sans discrimination. Les scams dits « nigérians » et les scams  « de séduction » (Dating scams), ces derniers visant à établir une fausse relation sur le mode sensuel, amical, romantique ou compassionnel, en sont de parfaits exemples. À ce niveau, une simple dose de bon sens sera votre meilleure arme. N’oubliez jamais que si ça vous paraît trop beau pour être vrai, c’est que tel est probablement le cas.
  • L’arnaque provenant d’une source étrangère à l’industrie de la traduction et utilisant la traduction comme paravent pour vous extorquer de l’argent. Elle consiste, par exemple, à envoyer au traducteur un chèque falsifié ou "en bois", et à lui demander en retour de virer une certaine somme, en bon argent, avant que la banque du traducteur ait pu vérifier la validité dudit chèque (délai pouvant atteindre 3 semaines). Entrent dans cette catégorie les arnaques dites du « surpaiement » et du « client mystère » (Secret Shopper), cette dernière forme pouvant aller jusqu'à prétendre faire tester de pseudo-services financiers ; il existe aussi différentes tactiques promettant du travail contre paiement de frais d’inscription dans d’hypothétiques bases de données. À ce niveau-ci, une stratégie élémentaire de gestion des risques devrait vous assurer une protection suffisante.
  • L’arnaque provenant d’une source interne à l’industrie de la traduction, visant à voler le produit du travail du traducteur.  De loin la forme d’escroquerie la plus dangereuse, car les escrocs qui la pratiquent connaissent le métier et peuvent sembler crédibles au client final comme au traducteur. Cette fois, la mise en œuvre de procédures rigoureuses de gestion des risques et le partage d’informations entre collègues seront les seules armes efficaces.

 

Dans cet article, nous démonterons les principaux mécanismes des arnaques qui appartiennent à cette troisième catégorie et ciblent autant le traducteur que le client final. Dans chaque cas, nous analyserons certains aspects de la gestion des risques en fonction des deux règles essentielles (entre autres) que doit observer le traducteur lorsqu’il est contacté par un nouveau client potentiel, à savoir :

 

  1. Règle n°1 : Recueillez des informations vérifiables sur l’entité qui vous contacte ET assurez-vous que les personnes qui vous contactent sont bien ce qu'elles disent être, notamment qu'elles agissent effectivement pour le compte de l'entreprise/agence qu'elles prétendent représenter.
  2. Règle n°2 : Vérifiez la solvabilité du client potentiel. Pour ce faire, utilisez le « Blue Board » sur ProZ.com et les autres outils similaires disponibles (portails spécialisés, réseaux sociaux, listes de diffusion, etc.) et faites une recherche sur le nom de ce client sur Google et autres moteurs de recherche.


Le partage d’information avec vos collègues et la compréhension des méthodes et des différents styles adoptés par les arnaqueurs sont autant d’atouts dans vos mains. ProZ.com met à la disposition des traducteurs un forum dédié aux scams et publie des " alertes scams ". Les membres de ProZ.com peuvent souscrire à ces alertes par courriel.


L’usurpation de l'identité de donneurs d'ordre existants
Il s’agit d’arnaqueurs qui usurpent l’identité d’une agence de traduction existante ou d’un client final bien réel pour commander des traductions comme le ferait n’importe quel véritable donneur d'ordre. Pour cela, ils explorent les répertoires professionnels en quête de traducteurs, leur passent commande en prenant soin de négocier conditions générales et tarifs, gèrent le projet, prennent livraison des traductions et réceptionnent les notes d'honoraires. Arrivés à ce stade, ils disparaissent dans la nature et si vous tentez de reprendre contact et vous lancez à leur poursuite, vous découvrirez bien vite que le véritable donneur d’ordre pour lequel vous étiez convaincu(e) de travailler n’avait jamais encore entendu parler de vous.

Ce type d’arnaque contourne la règle n°2 énoncée ci-dessus, car il vous amène, dans un premier temps, à vérifier la solvabilité d'un client avec lequel, en réalité, vous ne traitez pas et, par la suite, vous ne pourrez bien sûr pas laisser un commentaire négatif sur un client pour lequel vous n’avez effectivement pas travaillé.
En de telles circonstances, votre seul bouclier est la règle n°1. Dans ce cas particulier, le défi que vous devez relever consiste à vous assurer que la personne qui vous contacte pour le compte d'une entreprise est effectivement mandatée pour la représenter.

La vérification de l’adresse courriel et de l’adresse IP (voir définition sur Wikipedia) est une précieuse source d'information. Un prétendu gestionnaire de projets (PM) d’une entreprise basée à Londres qui vous envoie un courriel du Nigéria, voilà qui doit vous mettre la puce à l’oreille. Un PM d’une agence nommée BigCompany qui utilise une adresse courriel gratuite (de type [email protected]) doit déclencher la sirène d'alarme. Plus difficiles à détecter, les adresses courriel au sein desquelles le nom de domaine n’a subi qu’une légère modification, à peine perceptible, par exemple @big_company.com au lieu du domaine existant @bigcompany.com.

Lorsque le nouveau client potentiel est une entreprise, vous devez toujours explorer son site web et vérifier ses coordonnées de contact. Ainsi, vous pourrez identifier le véritable nom de domaine que l’entreprise utilise dans ses courriels (c’est-à-dire le texte qui figure après le symbole « @ » dans son ou ses adresse(s) courriel). Envoyer un courriel (à l’adresse figurant sur le site de l’entreprise) ou téléphoner pour demander confirmation de l’offre de travail qui vous a été faite est une sage précaution et, si tant est que vous formuliez votre demande avec courtoisie et professionnalisme, celle-ci ne pourra que recevoir un accueil favorable de la part d'une entreprise sérieuse.

Vous trouverez des exemples de ce type d’arnaque ici,  ou encore ici.


L’usurpation de l’identité d’un collègue traducteur indépendant
Il peut arriver que le donneur d'ordre dont l'arnaqueur usurpe l'identité ne soit pas une agence, mais un traducteur respectable et respecté de tous. Les traducteurs indépendants sérieux utilisant des adresses courriel de type Gmail, Yahoo, etc. sont légion. En outre, il n'est pas facile de connaître la véritable adresse courriel qu'utilise un traducteur ; par exemple, au titre de la protection des données personnelles et pour les tenir à l’abri de cet autre fléau que sont les spams, ProZ.com ne publie pas les adresses courriel de ses utilisateurs.

Si le prétendu collègue traducteur qui vous contacte pour vous confier une traduction est un utilisateur ou un membre de ProZ.com, le contacter directement via son profil ProZ pour lui demander confirmation de la proposition qui vous est faite devrait vous prémunir contre les arnaques d’usurpation d’identité de cette nature.

La pire situation à laquelle vous puissiez être confronté(e), c'est lorsqu’un arnaqueur s’empare de la véritable adresse courriel d'un collègue traducteur (par détournement ou au moyen de logiciels espions ou malveillants) et est alors en mesure de vous contacter pour une traduction à partir de l’adresse légitime de ce collègue. Il est prudent de chercher à obtenir confirmation, lorsque c'est possible, par un autre canal (par SMS, téléphone, Skype, etc.). Gardez toujours présent à l'esprit le principe que nous avons exposé au début de cet article : les coordonnées de votre contact doivent être vérifiables et vérifiées.

Il existe une variante de l’arnaque d’usurpation d'identité qui consiste pour l'arnaqueur à prétendre agir pour le compte d'un collègue connu dans le but de lui venir en aide, alors que ce collègue connaîtrait un coup dur qui le mettrait dans l’incapacité de tenir ses engagements professionnels. L’arnaqueur évoquera alors un accident vasculaire cérébral, une crise cardiaque, un accident… Soyez particulièrement vigilant en de telles circonstances et n’oubliez pas de valider la situation par un canal indépendant.

Vous trouverez des exemples de ce type d’arnaque iciet


La « création » d’un faux donneur d’ordre
Dans ce cas, l’arnaqueur n’usurpera pas l’identité d’un donneur d’ordre existant, mais s’en forgera une de toutes pièces, avec un nom et une adresse courriel créés à cet effet, allant dans certains cas jusqu'à inventer un nom d’entreprise, voire doter cette compagnie imaginaire d’un vrai site web.

Ces arnaqueurs vous contacteront pour solliciter la prestation de services professionnels, tout comme le ferait n’importe quel autre client, mais ils n’auront bien sûr aucune intention de vous payer et disparaîtront dès après réception de votre traduction. Les victimes peuvent éprouver un faux sentiment de sécurité devant le site web de la prétendue entreprise ou le profil que ces arnaqueurs auront bâti sur ProZ.com, allant parfois jusqu’à payer leur cotisation de membre, mais aucun de ces éléments n’apporte la garantie qu’il s’agit bien là d’un vrai et honnête client.

Des indices à ne pas négliger :

 

  • La visibilité du « client » sur Google est très faible (une recherche sur son nom ne ramène qu'un nombre de pages limité, voire nul), ce qui est plutôt inhabituel pour une entreprise.  
  • Le Blue Board de ProZ.com et autres outils similaires ne fournissent aucune information sur cette entité (jusqu’à ce que l’arnaque soit démasquée et que l'arnaqueur crée alors un nouveau nom et un nouveau site).
  • Le site web est de qualité médiocre, ne "fait pas" professionnel et ne comporte généralement pas de coordonnées de contact détaillées, par exemple l’adresse se résume à une boîte postale et aucun numéro de téléphone n’est mentionné.
  • Dans certain cas, une recherche dans Google sur certaines chaînes de texte extraites du site web du « client » vous amènera à constater que son contenu n’est qu’un vulgaire assemblage d’éléments volés à un ou plusieurs sites légitimes. 


Le cas de la « société » Lego Translations est un exemple intéressant de ce type d’artifices :

 

  • La "société" possédait un site web non référencé par Google.
  • Aucun numéro de téléphone n'était mentionné.
  • L’adresse postale situait l’entreprise aux États-Unis, à Los Angeles, tandis que son adresse IP la localisait en Jordanie, à Amman.
  • Lorsque l’adresse fournie a fait l’objet d’une requête sur Google Maps, les caméras associées au système ont montré une librairie dont les propriétaires, contactés, ont confirmé l’inexistence d’une telle agence de traduction à cette adresse.
  • Enfin, et surtout, le contenu de leur site web avait été malhonnêtement « emprunté » à plusieurs sites légitimes.

Une enquête menée avec des outils à la portée de tout un chacun peut vous en  apprendre beaucoup.


L’usurpation de l’identité de clients ET de traducteurs
Des donneurs d’ordre ont déclaré être contactés par des arnaqueurs qui leur soumettent des devis en usurpant l’identité de traducteurs renommés et talentueux, fournissant pour preuve de leur professionnalisme le profil et le résumé/CV du vrai traducteur pour lequel ils se font passer.  Après que la traduction leur a été confiée, ils livrent un travail de piètre qualité - ayant sans doute recouru à quelque logiciel de traduction automatique -, accompagné d’une note d’honoraires.  Dans certains cas, les agences payent les honoraires, en se promettant bien de ne plus jamais employer ce prestataire.  

Dans ces circonstances, l’agence et le vrai traducteur ont tous deux été arnaqués : la première a perdu de l’argent (et probablement un client), quant au traducteur, ignorant tout de cette arnaque, il voit sa réputation professionnelle ruinée et son prestige s’envoler. Le donneur d’ordre aurait dû chercher confirmation des coordonnées et de l’identité du traducteur.

Des arnaques plus complexes ont été signalées et leurs mécanismes reconstitués ; il s’agit de situations dans lesquelles les criminels s’immiscent dans les relations entre traducteurs et agences selon la méthode suivante :

 

  1. Un vrai donneur d'ordre met en ligne une offre de travail et les arnaqueurs accèdent aux caractéristiques précises de cette offre.
  2. Les arnaqueurs postulent pour ce travail en usurpant l’identité d’un vrai traducteur et en utilisant les véritables coordonnées et le vrai résumé/CV de celui-ci, mais en fournissant au donneur d’ordre une fausse adresse courriel.
  3. Le donneur d’ordre finit par confier le travail aux arnaqueurs, pensant traiter avec le traducteur dont l'identité a été usurpée, totalement à l’insu de ce dernier.
  4. Une fois que la réalisation de la traduction leur a été confiée, les arnaqueurs usurpent l’identité du véritable donneur d’ordre (ou d’un autre) et proposent le travail à leurs victimes, offrant généralement d’excellents tarifs.
  5. Lorsque les arnaqueurs reçoivent la traduction effectuée par les victimes, ils la livrent au donneur d’ordre original, se font payer par celui-ci et… disparaissent.
  6. Le traducteur qui a effectué le travail se retrouvant impayé se plaint de ce non-paiement auprès d’un donneur d’ordre (dont l’identité a également été usurpée et qui ignore tout de la situation) qui ne lui a jamais confié le moindre travail. C’est alors que la vérité éclate et que l’arnaque est démasquée, malheureusement trop tard.


Un plan de ce type ne peut fonctionner que si le véritable donneur d’ordre et les traducteurs victimes ne prennent pas la précaution de réunir les informations élémentaires sur leurs prétendus partenaires et ne vérifient pas leur identité, comme le préconise notre règle n°1 de la gestion des risques encourus par les traducteurs.



En conclusion : un appel à la prudence et une note d’espoir
Cet article a pour objectif de vous amener à prendre conscience du fait que de nombreux arnaqueurs, prêts à l'action, rôdent dans les parages. Il ne se passe pas une semaine sans que des collègues nous signalent le vol du fruit de leurs efforts et/ou de leur argent. On ne doit en aucun cas sous-estimer ce phénomène ; en effet, nous parlons là d’une forme de crime organisé qui amasse chaque année un butin de plusieurs millions de dollars. Qui plus est, avant de se faire piéger, la plupart des victimes vous auraient affirmé haut et fort qu'une telle mésaventure ne pourrait jamais leur arriver.

Il y a toutefois des raisons d'espérer, car la mise en œuvre de procédures élémentaires de gestion des risques peut vous mettre à l’abri de la plupart des arnaques. La gestion des risques n’a rien de compliqué ; ce n’est pas non plus un concept à la mode dont on saupoudre les discussions dans les forums et les conférences sans jamais le mettre en pratique. La gestion des risques est une activité cruciale qui devrait faire partie intégrante du cœur de métier de tout travailleur indépendant.

En tant que travailleur indépendant, vous constituez une unité économique, une petite entreprise, et il vous appartient, à l’instar de n’importe quelle autre entreprise, d’appliquer les nombreux processus gestionnels au nombre desquels figure la gestion des risques. En fin de compte, la qualité et la cohérence de vos procédures de gestion des risques seront bien les seuls boucliers qui protégeront votre temps et votre argent des attaques de réseaux de criminels organisés.

 



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